Saint Etienne

Saint Etienne, Protecteur de Marguerite.

Dès le 3ème siècle, Beaune eut son temple chrétien et son cimetière, où les fidèles pratiquaient leur foi de façon clandestine, pour échapper aux persécutions religieuses.

 On y ouvrit un oratoire qui fut dédié à Saint Etienne, premier apôtre de la Bourgogne. (Délissey p.345)

C’est après l’édit de Constantin rendu en 311, consacrant la liberté du culte catholique, que l’on édifia une église qui fut, comme l’oratoire souterrain dédiée à Saint Etienne.

 Au milieu du IVème siècle, on eut la bonne fortune de recevoir une relique de ce martyr. C’était en 343 ; l’empereur Théodose venait d’envoyer à Célidoine, archevêque de Besançon, un os du bras de Saint Etienne. Les évêques de la région  s’étant trouvés rassemblés pour la cérémonie de la translation de la relique, l’archevêque partagea avec eux l’os du Saint, de manière à pouvoir en distribuer une fraction à chacune des églises de la Bourgogne qui lui étaient dédiées.

La fête patronale de l’église Saint Etienne de Beaune, se célébrait le 3 août.

Mais vint l’invasion des Sarrasins ; ceux-ci pénétrèrent en France en 731, ravageant le pays, détruisant les principaux édifices et notamment les églises. Ils passèrent en bourgogne en 732 et l’église Saint Etienne n’échappa pas au désastre. Elle fut incendiée et complètement anéantie; elle devait rester ensevelie sous ses ruines pendant près de 300 ans.

Mais Le plan de Dieu pour ce lieu suit son cours….. et peut-on résister à une inspiration divine ?

 Le Duc de Bourgogne et sa femme eurent le désir de reconstruire l’église Saint Etienne. Par une charte datée de 1004, ils en obtiennent l’autorisation de l’Evêque diocésain. Ils font reconstruire l’église et fondent sous le titre de Prieuré et le vocable de Saint Etienne, un monastère de Bénédictins qu’ils donnèrent aux moines de Saint-Bénigne de Dijon.

 A partir du XIIIème siècle, le prieuré Saint Etienne perdit de son importance, tant temporelle que spirituelle; les moines devinrent de moins en moins nombreux. Au XVème siècle, on institua des prieurs commendataires, c’est à dire des ecclésiastiques qui n’étaient pas tenus de résider dans leur prieuré.

Le dernier prieur de ce lieu fut Léonard Bataille, Chanoine de Notre Dame de Beaune.

 Si Saint Etienne s’intègre parfaitement dans les desseins de Dieu sur Beaune, il se révèle également un puissant intercesseur, notamment pour relayer les prières des Sœurs Carmélites de Dijon, appelées à fonder un monastère à Beaune.

Il est relaté dans le volume 50 des archives du Carmel de Beaune :

« Que Sœur Françoise du Saint-Esprit, prieure du Carmel de Dijon, en 1619, eut le dessein de fonder à Beaune. Elle fit de grandes prières et rencontra de grandes difficultés. Notre Seigneur ne manqua pas de la consoler lui donnant de grandes assurances de sa protection pour cette affaire.

Elle avait dans son monastère des âmes très saintes qui s’employaient jour et nuit à prier pour la réussite de ce dessein. Il y en eut une autre qui eut une admirable vision, dans laquelle elle vit le glorieux Saint Etienne à genoux devant Notre Seigneur et qui le suppliait de donner sa maison et son église aux filles de la Sainte Vierge.

Une autre vit le même Saint qui donnait les clés de la maison à celle qui devait en être la Prieure.

Une autre enfin vit notre Sainte Mère Thérèse qui suppliait Notre Seigneur d’établir son Ordre dans cette maison.

Plusieurs autres Religieuses de très sainte vie, reçurent de grands témoignages et assurances de la volonté de Dieu sur cette entreprise qui a coûté beaucoup de soin et de peine mais tout fut surmonté par un secours extraordinaire de Dieu ».

« C’est en 1619, que le Chanoine Bataille accepte de se dessaisir du prieuré en faveur de l’établissement à Beaune d’un monastère de Carmélites, à la condition expresse que sa nièce Marguerite Parigot âgée de 6 mois, y soit reçue en qualité de fondatrice quand elle en aurait l’âge.

Le 25 juillet 1619, les Carmélites arrivent de Dijon pour s’installer et fonder le Carmel de Beaune au Prieuré Saint Etienne. La maison où ces dames venaient de s’installer était dans un état pitoyable. Les chapelles de l’église avaient été vendues par les anciens prieurs de Saint Etienne, à des séculiers qui s’en servaient d’écuries ; on y trouvait dans les unes des chevaux, dans d’autres des bestiaux  et des volailles. L’abandon de la dite église était grand; tout proche du grand autel, on avait creusé des fosses d’aisances et les fenêtres étaient remplies par les murs des petites maisons qu’on y avait bâties, d’où on entendait tout ce qui se passait dans l’église, causant ainsi du scandale. Dans l’épaisseur du mur on avait débouché un ancien puits où chacun venait puiser de l’eau à volonté.

Les sœurs se hâtèrent de murer toutes les portes par où l’on pouvait pénétrer librement dans la maison. Aucune pièce n’était vraiment habitable; elles durent loger dans un galetas où il pleuvait et y restèrent pendant 10 ans; elles travaillèrent à rafraichir l’église et consolider la maison qui tombait en ruines ». (Le Carmel de Beaune, Gosselin).

« Le pieux Chanoine présenta aux Mères, quelques jours après leur installation, sa petite nièce encore en maillot. Ce simple acte de courtoisie n’a-t-il pas été un dessein de Dieu ? Quoiqu’il en soit, l’enfant dès le réveil de sa raison avait décidé de se donner à Dieu dans le monastère de Saint Etienne, et c’est avec ce désir au fond de son âme qu’elle était arrivée à sa dixième année, sans avoir dans sa timidité naturelle, osé en parler à personne, pas même à celle qui lui avait donné le jour ». (Vie abr.de la Vble Marguerite du St Sacrement – P.Antoine Marie p.8-9).

C’est  dès la petite enfance que Marguerite Parigot invoque Saint Etienne.

Un 26 décembre en la fête de Saint Etienne, qu’elle considérait comme son protecteur, elle resta si longtemps à genoux  dans l’église et eut si froid qu’elle pensa s’évanouir.(Roland Gosselin p.64)

A l’égard de Saint Etienne, Marguerite se sent « comme une créature qui dépendait de lui après Dieu et sa Sainte Mère ». (P.Amelote dans vie de Sr Marguerite du St Sacrement p.4 )

***Mr Fliche p.3

« Mais ce n’était pas assez que Marguerite appelât sur elle, par des ferveurs, l’adoption privilégiée de Marie. Un secret instinct lui faisait invoquer beaucoup aussi vers cette même époque, le Diacre Saint Etienne, vénéré depuis longtemps dans sa famille; et elle ne tarda pas à reconnaitre que Dieu le lui avait donné pour un de ses puissants protecteurs, quand il la mettait au monde ».

« N’omettons pas de dire, d’après les religieuses convictions de Marguerite elle-même, qu’Etienne ne se contenta pas de l’assister dans les grandes luttes auxquelles, nous venons de le dire, elle était destinée. Il répandait sur sa chaste pupille comme à profusion, les bénédictions les plus salutaires et les plus efficaces en toutes circonstances, avec une bonté continue.

Joignant intérieurement sa voix à celle du bon ange pour l’appliquer à Dieu toute entière, il a détourné toujours son cœur et ses pensées des folles convoitises des biens d’ici-bas; il prit à tâche de la soustraire, comme par la main, aux moindres atteintes de la vanité, et aux attraits trompeurs du péché.

Ainsi Notre Seigneur, encore une fois, par l’émission de ses grâces choisies, par celles de sa Sainte Mère et l’intervention si favorable du premier des Martyrs, se complaisait-il à former avant l’âge, pour ainsi dire cette innocente petite créature dont il voulait être aimé ».

 C’est donc le 24 septembre 1630, que Marguerite Parigot, âgée de 11 ans, accompagnée de son père et de son oncle le Chanoine Bataille, se présente à la porte de la clôture du couvent Saint Etienne pour y être admise en qualité de postulante. « Elle avait une mission providentielle à remplir, ce fut de faire connaître au monde, à ce XVIIème siècle si sensuel, si orgueilleux, les prodigieux abaissements du divin Sauveur » (P.A.Marie p.25).

En 1620, Léonard Bataille, prieur commendataire de Saint Etienne, en vertu du consentement de l’Abbé et des religieux de Saint-Bénigne de Dijon, fit résignation de son prieuré entre les mains du Pape et demanda qu’il fût uni à perpétuité au monastère des Carmélites. Avec les recommandations de Louis XIII, roi de France, et par la bulle de Grégoire XV, du 18 mai 1621, cette union fut consacrée, publiée, enregistrée et munie de lettres patentes royales datées du 13 février 1630.

La mère prieure des carmélites, Elisabeth de Quatre Barbes de la Trinité, fit remettre en état les bâtiments de l’ancien Prieuré puis acheta successivement les chapelles, les maisons joignant l’église ou enclavées dans le prieuré ainsi que le jardin. Elle fit reconstruire l’église dont la première pierre fut posée le 2 juin 1654. Sur cette première pierre fut gravé en latin ceci :

« En l’honneur de l’Enfant Jésus, la pierre angulaire et du premier martyr Saint Etienne, le Très haut seigneur Pierre Séguier, chancelier du très auguste Roi de France Louis XIII, donné par Dieu, et sa très méritante épouse Madeleine Fabri, ont fait rebâtir, avec non moins de piété, mais avec plus de munificence, ce temple qu’avaient élevé, autour de l’an 1000 de la Rédemption, Othon, Vicomte de la Ville de Beaune et son épouse Hingols.

La pierre de cette fondation a été placée le 2 juin 1654″.

Le 24 décembre 1657, l’archidiacre de la collégiale procéda à la bénédiction de l’église et y célébra la première messe.

Enfin la mère Prieure s’employa à faire construire, sur la droite de l’église un important monastère avec toutes les dépendances nécessaires. (actuellement angle de la place Ziem et de la rue du tribunal).

Saint Etienne, n’a-t-il pas veillé, selon le plan de Dieu, intercédé, protégé ce lieu pour qu’y soit révélé, honoré, la Sainte Enfance de Notre Seigneur ?

Fils ainé des souffrances et de l’immolation du Christ, en qualité de Proto-martyr, Etienne nous apparait avec un radieux éclat chaque année, comme le gardien spécial et le témoin le plus rapproché de la crèche, dans les solennités de Noël. Sa fervente jeunesse et le pourpre de son sang répandu, lui ont acquis, dès les premiers jours de l’église, ce poste d’honneur qu’il n’a plus quitté.

Et c’est lui que le ciel choisissait pour initier Marguerite aux célestes douceurs de l’Incarnation et de la Sainte Enfance de Jésus. C’est lui qui devait également la défendre contre la violence des tentations multipliées et des vives et cruelles épreuves qu’elle était appelée  à subir dans l’accomplissement des divines volontés; car la sainte Enfance n’a pas de précieuses joies seulement, elle a ses croix, ses sacrifices et ses martyres ».(Mgr Fliche p.4)

L’empreinte de Saint Etienne est toujours présente au Sanctuaire.

La chapelle a été consacrée le 14 septembre 1837 par Mgr Claude Rey, évêque de Dijon, sous le double vocable  de l’Enfant-Jésus et de Saint-Etienne.

X